C’est dimanche, nous sommes tranquilles à la maison, en famille… un de ces jours où les problèmes semblent loin, comme oubliés ! Et pourtant… le son de la cloche du portail va nous ramener très vite aux réalités, souvent bien sombres pour nos amis les chats.
Deux dames attendent là, dans la rue, l’air inquiet et confiant tout à la fois.
“Bonjour. On nous a donné les coordonnées de votre association. Voilà, nous devons repartir à Paris et nous ne pouvons absolument pas emporter deux chatons abandonnés près de chez nous. On nous a dit que vous pourriez les prendre…”
Nous sommes envahis de chatons, comme tous les étés ! Irresponsabilité des gens qui ne font pas stériliser leurs animaux et indifférence ambiante au sort réservé à tous ces chatons issus d’amours errantes, éphémères et hasardeuses ! Ce ne sont que deux petits chats de plus dans ce trop long cortège de malheureux… Où les mettre ? Le garage transformé en chatterie ne peut les accueillir (l’effectif est plus que complet !). Il y a longtemps que la gent féline a pris possession de nos deux chambres d’amis (là aussi, plus de place !). Et la salle de bain et le dressing sont déjà envahis par des chatons perdus auxquels on n’a pas su, pas pu dire non… Que faire pour ces deux-là ? Aujourd’hui, je me sens dépassée par la lourdeur de la tâche… ce dimanche était trop calme (le calme qui précède la tempête ?) !
Ces deux dames nous convainquent de donner une chance à leurs petites protégées, “deux petites boules de ronrons” complètement apprivoisées. Que deviendront-elles en pleine nature, après avoir été nourries tout l’été ? et puis elles sont si belles, la petite noire et blanche et surtout la noire angora avec ses quelques dessins blancs… C’est sûr, elles pourront être adoptées immédiatement.
Le coffre de la voiture est rempli de nourriture et de boîtes de lait pour les deux chatons qui sont restés à la campagne. C’est décidé, on va tenter de leur trouver une bonne famille. Leurs deux bienfaitrices nous font don du stock de victuailles et très généreusement adhèrent à notre association. Elles repartent, le cœur léger, chercher les deux chatons pour nous les confier.
C’est vrai qu’ils sont mignons ! surtout la petite noire et blanche (j’ai un faible pour ces petits “Félix” qui me rappellent trois générations de chats qui ont partagé mes jours et plus encore mes nuits !). Promis ! nous allons faire notre possible pour eux (pour elles, devrais-je dire ! ce sont des petites femelles).
Ce n’est pas la gloire ! Dans la chatterie, elles sont désorientées toutes les deux, en attendant qu’on les installe avec les autres chatons dans la maison.
Il est important de les habituer aux bruits d’une maison pour qu’ils puissent tous s’habituer sans difficulté à leur nouvel environnement lorsqu’ils seront adoptés…
Il va falloir attendre de longs jours pour qu’enfin une jeune femme téléphone, à la recherche d’un chaton angora qui doit devenir le petit compagnon d’un jeune caniche, en espérant qu’ils arriveront à s’entendre… En général, cela ne pose pas de problème quand les animaux sont habitués très jeunes à vivre ensemble.
J’amène donc la petite noire angora vers son nouvel environnement, un vaste appartement sous les toits, en ville. Pas trop apeurée, elle s’avance dans cette habitation inconnue, reniflant des odeurs étrangères. Le chien vient à sa rencontre, très excité d’avoir un compagnon de jeu : quelques jappements de bienvenue et les présentations sont faites ! Tout se passe pour le mieux ! Incroyable ! “Rose” – puisque c’est son nom à présent – semble accepter sans retenue ce petit chien si accueillant, même s’il peut sembler un peu trop remuant et bruyant… Je repars le cœur léger, persuadée que tout va bien se passer.
Au retour, on va accorder un peu plus de temps à la petite sœur de Rose qui ressent cruellement son absence. Heureusement, quelques jours plus tard, une maman nous appelle pour offrir un chaton à sa fille d’une douzaine d’années. Nous conseillons l’adoption de la petite chatte noire et blanche : elle s’appellera “Luna”. Sa nouvelle maison, à quelques kilomètres d’Aurillac, est très agréable et toute la maisonnée a préparé son arrivée. Là encore, tout va bien : un autre chaton qui va couler des jours heureux dans sa nouvelle famille !
Mais la vie se complique parfois… Luna venait à peine de rejoindre la petite Margaux, que Rose devait nous revenir (enceinte, la jeune femme qui l’avait adoptée ne voulait plus la garder… peur le la toxoplasmose… peur pour le futur bébé… problèmes d’allergie…). En trois semaines, ce chaton qui n’était que câlins s’était transformé en une petite bête sur la défensive, prête à jouer des griffes… Une semaine a néanmoins suffi pour que tout rentre dans l’ordre et qu’elle redevienne “une petite boule de ronrons” affectueuse comme avant. Pas question de rater la seconde adoption. Il faut absolument lui trouver la bonne famille, comme pour Luna…
Il doit y avoir un bon génie qui veille sur nos petits protégés…
Une de nos amies va nous appeler, décidée à partager sa vie trop solitaire avec un petit félin. Elle ne va pas tarder à venir chercher “Smoky” (elle aussi esseulée sans la petite Luna). Toutes deux s’apportent à présent une mutuelle affection et c’est un vrai bonheur que nous avons partagé avec elles quand nous les avons vues complices et heureuses ensemble.
Un grand MERCI à vous tous qui savez tant donner à ces chatons :
– à vous, Mesdames de Paris qui, passant les vacances en Auvergne, avez pris sur votre temps pour sauver Luna et Smoky,
– à vous, la maman et sa petite Margaux, sans oublier le papa et le grand frère François, qui avez su accueillir Luna,
– à toi, Colette, qui apportes à Smoky l’affection qu’une première famille n’a pas su, ni pu lui donner. Il faut dire aussi que ton nom est associé à l’amour qu’une autre Colette a porté à plusieurs chats… au fil de quelques pages restées célèbres dans notre littérature.